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Exclu du PS, Emir Kir réagit pour la première fois: "Ma proximité supposée avec l'extrême droite, ça me fait gerber"

 
 

Pour la première fois depuis son exclusion du PS pour avoir fréquenté des maires turcs d'extrême-droite, Emir Kir réagit. Le député-bourgmestre de Saint-Josse a été interrogé en direct dans le RTL INFO 19H par Luc Gilson.

Durant l'interview, Emir Kir a tout d'abord réfuté les soupçons d'une proximité avec l'extrême droite, des accusations qui le font "gerber". Il a nié avoir invité les maires turcs d'extrême droite qu'il a rencontrés à Saint-Josse, précisant qu'il s'agissait d'"une visite de courtoisie de l'Union des villes de Turquie" qui incluant aussi des maires de gauche et conservateurs. Il a brièvement rappelé son engagement politique, "ne résumons pas ma vie politique à ça", a-t-il confié. Emir Kir a également critiqué le traitement de l'affaire par le Parti socialiste et ses membres. "C'est pour cette raison que [...] j'ai décidé de ne pas introduire de recours" contre l'exclusion du parti, a annoncé Emir Kir. Enfin, l'élu a répondu aux questionnements sur les futures élections locales à Saint-Josse, sans toutefois dire précisément ce qu'il ferait (voir notre autre article).

Luc Gilson: Comprenez-vous que cette "rencontre" et cette "proximité" avec des membres turcs d'extrême-droite ait pu "choquer"? Avez-vous conscience d'avoir pu briser ce fameux "cordon sanitaire"?

Emir Kir: Je voudrais dire tout d'abord que je suis heureux de pouvoir m'exprimer. C'est la première fois que je vais m'exprimer depuis cette affaire. Je voudrais dire que pendant toute cette affaire j'ai été traité d'une manière inhumaine. Mon procès a été fait dans l'opinion publique sans moi. Il s'agissait d'une procédure interne au Parti socialiste, mais on s'est permis de parler tout le temps à l'extérieur. Je ne peux pas accepter ce type de procédé, tant sur la forme que sur le fond. Je n'ai pas été traité de manière fraternelle. C'est vrai que j'ai commis des erreurs dans ma vie. Mais vous savez, je ne suis qu'un être humain, je peux commettre aussi des erreurs. Mais entre membre d'un parti, on peut s'appeler, on peut nous dire des choses. Mais ces manières de procéder me choquent. Quant à ma proximité supposée avec l'extrême droite, ça me fait gerber. Vous savez, toute ma vie j'ai combattu l'extrême droite. Moi je suis un fils d'ouvrier mineur. On a subi le racisme, on a subi le rejet. Donc venir aujourd'hui et laisser sous-entendre que je serais sympathisant d'une extrême droite turque ou belge, c'est quelque chose qui m'insupporte véritablement.

Luc Gilson: Vous aviez déjà été rappelé à l'ordre par le PS, dans le passé. Vos réticences à reconnaître le génocide arménien avait fait grincer des dents. Votre attitude à propos des minorités kurdes aussi. Est-ce que, ce qui s'est passé cette fois, n'était pas l'incident de trop pour le Parti socialiste?

Emir Kir: C'est à eux qu'il faut poser la question. Moi ce que je retiens dans tout cela, c'est qu'on me résume à l'accueil d'une délégation qui a aussi été reçue par les instances européennes. J'imagine que des vérifications avait été faites aussi là-bas. Quand c'est eux qui les accueillent, on ne pose pas de question. Quand c'est moi, on ne parle plus que des deux maires qui sont du MHP. Vous savez, je n'ai jamais invité ces maires. Et pourtant, dans la presse, on parle tout le temps de l'invitation d'Emir Kir. J'ai simplement accueilli une visite de courtoisie de l'Union des villes de Turquie, avec des maires de gauche, des maires conservateurs et des maires MHP. Ne résumons pas ma vie politique à ça. Vous savez, tous les jours je me bats pour l'entente entre les différentes populations dans ma commune. Le rejet de l'autre, c'est tout le contraire de ce que je fais dans ma vie, donc je n'accepte pas tout cela. C'est pour cette raison, que quand je vois la manière dont j'ai été traité, qu'on a fait un procès public sans moi, où on m'a demandé d'attendre de parler devant la commission de vigilance. J'ai décidé de ne pas introduire de recours. J'ai souffert dans ma chair, ma famille a souffert, mes proches ont souffert. Tous les gens, que je tiens d'ailleurs à remercier pour les marques d'affection et de sympathie. Je ne veux pas revivre ce calvaire. Vous imaginez une seconde que je vais introduire un recours et puis on va avoir à nouveau des attaques dans la presse. Et moi on va me dire que je dois attendre la commission d'éthique, mais les autres vont se lâcher. Et souvent les autres se sont lâchés, c'étaient des socialistes. Et je voudrais dire à mes amis socialistes, ce n'est pas la fraternité ça. Ce n'est pas comme ça qu'on avance dans un parti qui fait de la justice et de l'égalité des valeurs premières.

Luc Gilson: A vous entendre, on a l'impression que vous êtes une victime, que le PS vous en veut directement et vous précisément. Pourquoi, à votre avis?

Emir Kir: C'est à eux qu'il faut poser la question. Vous savez, on peut prendre des albums photos et des photos pour faire croire que quelqu'un a une sympathie. Mais vous savez, si on faisait le tour des élus dans mon parti ou dans d'autres partis, vous savez il y en a combien qui ont parfois des rencontres physiquement? Mais de là à aller dire qu'Emir Kir serait proche de l'extrême droite, c'est insupportable pour moi. C'est quelque chose que je ne peux pas accepter. Vous savez, j'ai été ministre au gouvernement régional. Elio Di Rupo, Philippe Moureau, Laurette Onkelinx m'ont fait confiance. Aujourd'hui je suis bourgmestre-député fédéral. Je ne peux pas accepter que je sois réduit à une simple photo. Tout mon bilan plaide pour ce que j'ai dit tout à l'heure, cette envie de tout le temps faire en sorte que les gens  puissent vivre en paix entre eux, et tout le temps combattre l'extrême droite. Ça a été vraiment le vecteur de tout mon engagement politique.

Pour rappel, dans la nuit de vendredi à samedi derniers, la commission de vigilance du PS bruxellois a décidé l'exclusion d'Emir Kir. La Commission de vigilance du PS bruxellois a statué après avoir pris connaissance du rapport de deux rapporteurs chargés d'analyser le dossier, et après avoir procédé à plusieurs auditions des parties concernées par la procédure. Emir Kir avait 30 jours pour faire appel: comme il l'a indiqué sur RTL INFO, il a décidé de ne pas introduire de recours.


 

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