Le président du Parti socialiste, Elio Di Rupo, était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL-TVI et sur Bel RTL. En radio, l'ancien Premier ministre a répondu aux questions des auditeurs invités dans l'émission.
Philippe, l'un des auditeurs de Bel RTL invité en studio, a questionné Elio Di Rupo sur "la responsabilité de son parti concernant la situation économique catastrophique de la Wallonie". "Tous les indicateurs, que ce soit le PIB, le taux de chômage, le taux d'exportation, sont dans le négatif depuis environ 40 ans et tout indique que ça va continuer. Pourtant, votre langue de bois dit que ça ne va pas si mal que ça en prenant des éléments conjoncturels. Je voudrais vous entendre sur votre responsabilité et celle du PS. Vous êtes au pouvoir depuis 40 ans et rien ne redémarre. Qu'est-ce que vous en pensez?", a demandé le professeur de Sciences économiques.
NDLR: le taux de chômage wallon est effectivement en augmentation, passant de 10,5% en 2007 à 12% en 2014 et 2015 (voir graphique plus bas dans l'article). En revanche, le taux de croissance du PIB a régulièrement été supérieur à celui de la Flandre ces dernières années, comme l'indique le graphique ci-dessous, établi par l'IWEPS (Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique).
"La chute de tous les sous-traitants, c'est-à-dire des milliers de PME et d'indépendants"
Le président du Parti socialiste a commencé par rejeter l'analyse de l'auditeur avant de poursuivre sur une analyse historique. "Le niveau wallon, le désinvestissement wallon, qui date du tournant des années 60 et 70, a été créé essentiellement par les gens qui détenaient les capitaux des entreprises de toute la Wallonie à peu près", commence par expliquer Elio Di Rupo. "La situation a été une désertification des capitaux, notamment des capitaux de Bruxelles, qui ont été investis du côté néerlandophone, avec la chute de tous les sous-traitants, c'est-à-dire des milliers de PME et d'indépendants", précise-t-il.
"Il y a une réduction du chômage": faux
Depuis cette époque, Elio Di Rupo affirme que le PS essaie de "retisser le tissu économique". "On a mis au moins par exemple ce qu'on appelle aujourd'hui le plan Marshall", ajoute-t-il. Rappelons que le premier plan Marshall a été lancé en 2004-2005 avec un investissement de 1,4 milliards d'euros dans cinq pôles de compétitivité:
- les sciences du vivant (pharmacie-santé),
- l’agroalimentaire,
- l’ingénierie mécanique,
- le transport-logistique,
- l’aéronautique-aérospatial.
À l'époque, le gouvernement wallon annonçait que le plan serait financé par la vente d'actions du groupe Arcelor, des économies de fonctionnement, un rééchelonnement de certains investissements publics et les marges budgétaires dues à la croissance escomptée au cours des années suivantes.
D'après Elio Di Rupo, il y a eu "des succès appréciables". "En Wallonie comme ailleurs, il y a une réduction du chômage", affirme-t-il. Sur ce point, les propos de l'ancien Premier ministre ne se vérifient pas dans les statistiques wallonnes. Voici ci-dessous l'évolution du taux de chômage wallon des 15-64 ans (ligne verte), selon les chiffres du SPF Economie représentés par l'IWEPS.
Le taux de chômage était de 10,5% en 2007, 10,1% en 2008, 11,2% en 2009, 11,5% en 2010, 9,5% en 2011, 10,1% en 2012, 11,4% en 2013, 12,0% en 2014 et à nouveau 12,0% en 2015.
"Le taux de croissance de création de richesse n'est pas inférieur" à la Flandre: vrai
Le socialiste poursuit: "Le taux de croissance de création de richesse de la Wallonie n'est pas inférieur au niveau flamand. Si vous regardiez objectivement la situation, il y a un décalage. Nous devons faire un effort supplémentaire, mais l'effort ne relève pas uniquement du gouvernement wallon. Il a ses compétences, mais elles sont limitées", explique Elio Di Rupo.
Comme nous vous l'indiquions dans le graphique concernant le taux de croissance du PIB, en début d'article, les propos d'Elio Di Rupo tendent à se confirmer sur ce point.
"Je ne suis pas satisfait de votre réponse"
Pour l'auditeur, le président du PS ne répond pas à sa question. "Vous répétez que c'est la faute des autres, je voudrais vous entendre sur votre responsabilité, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné au PS puisque vous gouvernez depuis 40 ans?", lance Philippe.
"Mais pourquoi êtes-vous tout le temps obsédé par le PS? On assume nos responsabilités. Nous avons travaillé, tantôt avec le MR, tantôt avec cdH et tantôt avec Ecolo. Nous avons toujours travaillé dans une coalition, et nous faisons du mieux que l'on peut en termes politique pour donner à la Wallonie des possibilités de relance économique", rétorque Elio Di Rupo.
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