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"Soit c'est un gros mensonge, soit c'est de l'incompétence": pour Zakia Khattabi, l'excuse de la digitalisation pour licencier chez Proximus ne passe pas

 
 

Zakia Khattabi, coprésidente d'Ecolo, était l'invitée de la Matinale de Bel RTL ce lundi matin. Elle a répondu aux questions de Martin Buxant.

Martin Buxant a notamment évoqué, avec la coprésidente d'Ecolo, le licenciement d’environ 2000 collaborateurs chez Proximus.

L’excuse qui a été mise en avant, c’est la digitalisation. Est-ce que c’est une excuse valable pour licencier des gens ?

"D'abord, on ne peut pas masquer son étonnement de penser qu’une entreprise publique comme celle-là, avec toutes les qualités qu’on lui reconnaît, découvre l’enjeu de la digitalisation et ne l’ait pas anticipé. Soit c’est un gros mensonge pour cacher des intérêts, qui sont ceux de l’actionnariat, soit c’est de l’incompétence, et là, la question est posée. On n’a pas les réponses, on nous donne une réponse, qui est celle de la digitalisation, j’ai du mal à croire que chez Proximus on soit aussi peu au fait de l’évolution de nos sociétés que pour avoir été mis comme ça devant le fait accompli".


Le socialiste Paul Magnette y allait très fort en disant que le management de Proximus était incompétent, qu’il fallait virer la manager Dominique Leroy. Vous pensez qu’il a été trop loin, ou vous êtes d’accord avec lui ?

"Je dis mon étonnement sur le fait qu’ils découvrent la question de la digitalisation, mais je n’irais pas aussi loin. Par contre, je serai très sévère sur le gouvernement, parce qu’on sait que ça reste une entreprise publique, autonome. Tous les mots ont leur sens : autonome, mais publique quand même. On sait que l’actionnariat majoritaire reste aux mains de l’Etat, à 53%, et aujourd'hui, j’ai le sentiment que Charles Michel découvre que l’eau, ça mouille. Il est confronté aujourd'hui aux limites de sa doctrine du libéralisme, qui est le tout à la privatisation et au marché".


Mais avec 53% d’actions, le gouvernement peut interdire ces licenciements ou pas ?

"Il pourrait, à travers son actionnariat, faire convoquer une assemblée générale, dans laquelle il est majoritaire, et il ferait valoir une autre vision et une autre gestion, ça c’est le levier qu’il a. Mais en tant que tel, ce n’est pas le premier ministre, d’ailleurs, jeudi, après avoir fait un show incroyable à la Chambre, le soir-même, madame Leroy l’a renvoyé à ses études, en disant que l’Etat n’avait rien à dire. Alors oui, l’Etat est actionnaire à 53%, à travers son actionnariat, à lui de demander aux actionnaires de l’Etat de convoquer une assemblée générale, et de pouvoir peser sur les décisions qui seront prises".


Donc il faudrait revoir le mécanisme de fonctionnement de ces entreprises publiques ?

"Le problème, c’est ce que ce gouvernement a fait quand ils sont rentrés en majorité, puisqu'ils ont supprimé notamment un des leviers qu’ils avaient pour avoir les informations, le commissaire au gouvernement. Ils ont fait en sorte que prochainement, l’Etat lui-même n’ait plus son mot à dire sur ses représentants, donc l’Etat lui-même s’est détaché des leviers qui lui permettaient d’avoir encore quelque chose à dire".


Regardez l'interview dans son intégralité:


 

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