En ce moment
 
 

Vingt migrants découverts à bord de deux camions en Belgique: le phénomène est-il en recrudescence chez nous?

 
 

Quatre jours après la découverte de 39 corps dans un camion qui a transité par le port de Zeebruges, de nombreux migrants tentent toujours de rejoindre la Grande-Bretagne par tous les moyens, depuis chez nous. La police a découvert 20 personnes, des hommes, des femmes mais aussi des enfants, cachés dans deux camions aujourd'hui. L'un d'eux se rendait précisément à Zeebruges.

Onze migrants ont été découverts samedi matin dans la remorque d'un camion à Saint-Trond, tandis que neuf autres ont été retrouvés à Bruges, selon les parquets provinciaux. Les onze personnes retrouvées à Saint-Trond (environ 65 km à l'est de Bruxelles), parmi lesquelles des femmes et des enfants, sont d'origine africaine, a priori érythréenne, a indiqué à l'AFP le parquet du Limbourg. Elles sont en bonne santé. Le chauffeur du camion, qui était en route pour le Royaume-Uni, s'était arrêté pour un problème technique à un garage, et c'est là que les migrants ont été découverts.

Un camion en route vers Zeebruges

Par ailleurs, la police a trouvé samedi matin neuf hommes se disant de nationalité irakienne, cachés dans un camion qui circulait sur une voie rapide à Bruges, a indiqué le parquet de Flandre occidentale cité par l'agence Belga, précisant que ces hommes étaient en bonne santé. La police avait été avertie de la présence de migrants dans ce camion, qui était en route vers le port de Zeebruges, selon cette source.

Des opérations quasi quotidiennes pour la police de la route belge

La police a confié ces personnes à l'Office des étrangers, comme elle est amenée à le faire presque chaque jour. "Ce n'est pas du tout un phénomène qui est en recrudescence pour l'instant ou qui se développe, ça fait des années que, hélas, ce phénomène existe. Evidemment là il y a un focus depuis l'incident dramatique découvert en Angleterre, mais c'est presque quotidiennement que la police des autoroutes est amenée à participer à des opérations ou à venir en aide aux camionneurs ou aux personnes qui sont dans les camions", explique Régis Kalut, porte-parole de la Police fédérale.

La Belgique, une voie de passage empruntée par les migrants et les réseaux de trafiquants

La Belgique est une voie de passage très empruntée par les migrants et les réseaux de trafiquants qui cherchent à tirer profit de sa proximité du Royaume-Uni. La police a arrêté mardi trois hommes d'origine irakienne soupçonnés de trafic d'être humains dans une camionnette sur un parking de Gand (nord-ouest) qui transportait 16 personnes, selon le parquet d'Anvers. Trente-neuf morts ont été retrouvés cette semaine près de Londres dans un camion frigorifique dont le conteneur était arrivé de Zeebruges. La police britannique a dans un premier temps indiqué que les victimes étaient chinoises mais il est possible que des Vietnamiens figurent parmi elles. Cinq personnes ont été arrêtées. Le parquet fédéral belge a ouvert une enquête parallèlement aux investigations britanniques.

La misère humaine exploitée

En 2000, soit il y a presque 20 ans, 58 personnes originaires d'Asie avaient été retrouvées asphyxiées dans un camion à Douvres. Là encore, le véhicule avait transité par Zeebruges. Comme celles retrouvées ce matin, ces exilés avaient voulu rejoindre l'Angleterre. Privées de moyens sécurisés et légaux pour atteindre ce pays, elles avaient donc tenté d'y parvenir en se cachant dans un camion. "Il y a tout un business qui propose aux gens un avenir meilleur, en les conduisant d'un endroit à un autre et en les mettant au travail, souvent dans des conditions honteuses. Ils sont totalement exploités: 14, 15 heures de travail pour quelques euros par mois, avec l'obligation de travailler dans des sous-sols peu lumineux, où ils dorment à une quinzaine dans une pièce. Il y a des systèmes d'exploitation de cette misère humaine qu'il faut absolument démanteler", explique Pierre Verbeeren, directeur général de Médecins du Monde. 

La Belgique pas plus exposée que les pays voisins

Selon les experts la proximité de la Belgique avec l'Angleterre ne ferait toutefois pas d'elle un pays plus exposé que ses voisins directs à ces traversées dangereuses. Selon les associations humanitaires, environ 1.000 personnes exilées sont actuellement en Belgique dans l'espoir de rejoindre la Grande-Bretagne parfois au péril de leur vie, qu’ils fuient la guerre ou la misère.


 

Vos commentaires