René Tonneaux, 64 ans, l'ancien comptable de l'Office wallon des déchets (OWD) qui est soupçonné d'avoir détourné plus de deux millions d'euros sur ses comptes personnels, a été identifié vendredi à 11h20 à Knokke alors qu'il buvait un verre dans un café. Une personne présente dans le café l'a reconnu à la suite d'un avis de recherche diffusé jeudi et a aussitôt averti les services de police.
René Tonneaux a été interrogé vendredi soir dans les bureaux de la police puis a comparu devant un juge d'instruction."Il a expliqué que cela faisait un peu moins de dix ans qu'il détournait de l'argent. Au départ, il le faisait pour des difficultés financières parce qu'il avait un salaire insuffisant et n'arrivait pas à boucler ses fins de mois puis, comme cela lui semblait extrêmement simple, il a continué", a rapporté Vincent Macq. D'après le procureur, René Tonneaux dit qu'il a dépensé l'argent au fur et à mesure. L'argent était vraisemblablement dépensé dans des hôtels au Luxembourg, en Autriche, à Knokke... Cet élément doit être vérifié par les enquêteurs. Ils doivent notamment contrôler s'il reste de l'argent quelque part.
L'ancien comptable comparaîtra mardi devant la chambre du conseil qui se prononcera sur son maintien - plus que probable - en détention.
Très simple de détourner de l'argent... jusqu'en 2015
Selon les explications de René Tonneaux, il était très simple de détourner de l'argent jusqu'en 2015, année où le système de gestion comptable a changé. "Ensuite, la prise de risques était plus importante mais il a continué malgré tout" jusqu'à ce que les détournements soient découverts, a ajouté le procureur. René Tonneaux a aussi dit qu'il avait appris tout récemment qu'il était recherché et que sa femme était en prison pour blanchiment.
Arrêté alors qu'il prenait un café à Knokke
René Tonneaux se trouvait tranquillement dans une taverne de Knokke peu avant son arrestation. "Il était occupé à boire un café ici à table. L'une de mes collègues l'a immédiatement identifié après l'avoir vu hier au journal télévisé", explique Kenneth, l'un des serveurs du café Nemrod. "Nous avons tout de suite prévenu les policiers et ils sont arrivés très vite. Ils se sont directement approché de la table et il les a accompagné. Ils lui ont demandé s'il savait qu'il était recherché, et il a dit 'Oui, je sais'", précise le témoin.
C'est une autre serveuce, Britt, qui a reconnu l'individu. "Je l'ai reconnu parce qu'il vient souvent ici, et il avait la même veste que celle sur l'avis de recherche", confie-t-elle. L'homme vient depuis de nombreuses années dans la brasserie. Il pourrait donc disposer d'un logement à Knokke, dont les enquêteurs ignoraient l'existence. Depuis lundi, il venait dans le café chaque matin. "Il était là toute la semaine, pour boire un petit café ou une bière", explique Britt.
Le fait de ne rien changer à son apparence, de porter les mêmes vêtements, et de se rendre dans des lieux où son visage était connu... pose de nombreuses questions sur sa réelle volonté d'échapper à la justice.
René Tonneaux se serait peut-être rendu à l'étranger
Le téléphone portable de René Tonneaux avait cessé d'émettre à Anvers le mardi 16 février dernier mais depuis quelques jours, les enquêteurs avaient pu à nouveau le tracer. On ne peut pas pour l'instant assurer qu'il n'a pas été, au moins brièvement, à l'étranger. Il s'est en tout cas rendu à plusieurs endroits de Belgique, notamment à Bastogne, Namur et Anvers, selon le procureur du Roi, Vincent Macq. Le sexagénaire a tenté à plusieurs reprises d'effectuer des retraits bancaires.
René Tonneaux était ce vendredi, aux alentours de 17h15, emmené par la police vers Namur. Il sera entendu vendredi soir dans les bureaux de la police de Namur et puis par un juge d'instruction samedi matin. "Nous sommes à présent curieux d'entendre les explications de Monsieur Tonneaux", a commenté Vincent Macq.
Mettre la main sur l'argent: 10.000 € en liquide retrouvés
René Tonneaux passera la nuit de vendredi à samedi dans un commissariat de la ville de Namur. Il sera entendu par un juge d'instruction ce samedi. "Ce qui intéresse les enquêteurs, c'est de savoir s'il reste de l'argent", explique notre journaliste Olivier Pierre, en direct de Namur pour le RTL INFO 19H. "Lors de la perquisition menée dans les bureaux du fonctionnaire, une malette contenant 10.000 euros en liquide a été trouvée, ce qui est évidemment un maigre début comparé aux deux millions volés", ajoute notre journaliste. "Il faudra également voir s'il a pu acquérir des biens et s'il est possible de récupérer ces biens par le biais de saisies", a précisé le procureur Vincent Macq. Celui-ci a ajouté qu'une somme de 50.000 euros avait été bloquée sur un des comptes de René Tonneaux.
D'après la substitute du procureur du Roi Sophie Debelle, les préventions de détournement d'argent par un fonctionnaire public et de blanchiment sont passibles d'une peine allant de cinq à dix ans de prison.
Sa femme en prison: elle dit qu'elle n'était pas au courant
La voiture de l'ancien comptable de l'OWD a également été saisie. L'épouse de René Tonneaux est quant à elle en détention préventive à la prison de Lantin pour blanchiment d'argent. Des objets tels que des sacs de marques de luxe avaient notamment été découverts au domicile conjugal à Cognelée. Le mandat d'arrêt à charge de l'épouse a été prolongé d'un mois par la chambre du conseil de Namur le 23 février dernier. L'épouse a toujours affirmé ne pas être au courant des détournements opérés par son mari, indiquant que c'est son mari qui gérait leurs comptes. "La position de madame n'est pas tout à fait conforme à la réalité", a confié à ce sujet Vincent Macq rappelant qu'elle bénéficiait toutefois de la présomption d'innocence. Le procureur a aussi indiqué que René Tonneaux avait réservé un voyage de longue date, dont le départ était prévu le 9 ou le 10 mars.
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