En ce moment
 
 

Les proches du couple Riva témoignent, examen des armes utilisées: retour sur les nouveaux éléments du procès Nemmouche

 
Procès de Nemmouche
 

L'audience de jeudi dans le procès de l'attentat au Musée juif de Belgique a été marquée par le témoignage des deux filles d'Emanuel et Miriam Riva. Celles-ci ont fait l'aller-retour Tel Aviv-Bruxelles pour évoquer leurs parents et leur vie à elles depuis le décès de ceux-ci le 24 mai 2014 au Musée juif de Belgique. L'audience a également été largement consacrée à l'audition de l'expert en balistique.

Compte-rendu de l'audience, minute par minute, grâce à nos journalistes sur place, Benjamin Samyn, Dominique Demoulin et Philippe Godin

17h45 - L'ADN de Mehdi Nemmouche retrouvé sur la kalachnikov utilisée pour l'attentat au Musée juif n'implique pas forcément qu'il ait utilisé l'arme, a précisé un expert en balistique jeudi après-midi devant la cour d'assises. La présence de son profil génétique peut résulter d'une manipulation de l'arme ou de son transport. "Mais quand on déplace une telle arme, on met rarement le doigt sur la détente", a précisé l'expert, sans toutefois écarter catégoriquement cette hypothèse.

Après le témoignage de plusieurs membres de la famille Riva jeudi, la cour s'est penchée sur les deux armes employées pour l'attentat au Musée juif le 24 mai 2014 et retrouvées en possession de l'accusé lors de son arrestation à Marseille six jours plus tard. Un expert a longuement manipulé la kalachnikov et le revolver, pour expliquer leur fonctionnement aux jurés. Le profil génétique de Mehdi Nemmouche a été mis en évidence à quatre endroits du fusil d'assaut: le talon de crosse, le garde-main, la queue de détente et le levier d'armement. Ces traces peuvent relever d'un tir, d'un transport ou d'une manipulation, selon le spécialiste.

La défense de Mehdi Nemmouche a posé plusieurs questions pour soutenir la thèse que l'empreinte sur la détente était liée à une manipulation de sécurisation de l'arme. Ce que l'expert n'a pas démenti. Mais ce serait le fait d'une personne ayant une connaissance avancée du fonctionnement de la kalachnikov, et il est tout à fait possible de sécuriser l'arme sans toucher la détente, a-t-il nuancé. L'utilisation des deux armes de la tuerie ne nécessite pas une force particulière, a encore dit l'expert. Quant au co-accusé Nacer Bendrer, il a été confronté au fait que l'endroit où son ADN a été retrouvé sur le pistolet Glock était compatible avec une manoeuvre de chargement, il n'a pas pu donner de réponse. "Je l'ai pris par la poignée. Je l'ai touché, c'est tout", a-t-il répondu à la présidente. Mehdi Nemmouche, qui nie être l'auteur des faits, affirme avoir trouvé les armes dans un sac volé dans une voiture dans la nuit du 27 au 28 mai, à Bruxelles.

15h17 - L'audition d'Emmanuel Riva se termine sans qu'aucune question des parties ne soit posée. 

14h52 - La Cour passe à l'audition du frère jumeau d'Emmanuel Riva. "Je n'ai jamais connu la vie sans lui. On ne devait pas parler pour se comprendre", souffle-t-il. Avant d'ajouter: "On continue de faire fonctionner la famille mais le nid familial est détruit. Les filles méritent toute notre estime car elles arrivent à s’en sortir. Elles réfléchissent comme des adultes depuis ce jour-là. Elles n’ont personne pour prendre soin d’elles dans la vie quotidienne".

14h47 - L'audition des filles du couple Riva se termine, elle n'a duré que quelques minutes. Aucune question sur la vie professionnelle n'est posée. Les parties ne posent pas de questions supplémentaires.

14h41 - Les filles du couple Riva témoignent: "Depuis le drame, nous vivons seules. On doit se débrouiller par nous-mêmes, même si nous avons de l’aide de la famille. Plus rien n’est comme avant. Notre famille nous assiste mais dans la vie de tous les jours nous avons beaucoup de difficultés. Nous continuons notre vie mais cette tragédie nous accompagnera toujours". 

14h38 - L'aînée du couple précise son cursus scolaire. Elle prépare des études de criminologue. Un choix antérieur aux tragiques événements.

14h30 - Lorsque la présidente demande aux filles du couple Riva comment elles vont, les jeunes femmes répondent qu'il leur est difficile d'être là. Pour rappel, elles avaient 15 et 17 ans au moment des faits. "Nous étions très proches de nos parents. Nous passions beaucoup de temps ensemble, on partageait beaucoup de choses. Maman était très modeste, elle adorait sa famille et aidait ses amis. Papa était aussi modeste, il adorait voyager. Nous passions beaucoup de temps à voyager ensemble et ils attendaient la pension pour voyager encore plus", témoignent-elles. 

14h25 - Les filles du couple Riva se présentent. La plus jeune a 19ans et effectue son service militaire obligatoire en Israël. L'aînée a 21 ans et se prépare pour réaliser des études supérieures. 

14h22 - Une série de photos de la famille Riva est montrée. Ces clichés témoignent d'un certain bonheur familial.

11h53 - Place à présent à l'expert balistique. La famille Riva témoignera en début d'après-midi. Leur avion de retour est prévu ce soir.

10h47 -  L'ingénieur à la police technique et scientifique française qui a analysé les éléments retrouvés sur Mehdi Nemmouche lors de son arrestation à Marseille, le 30 mai 2014 indique que l'absence d'ADN à un endroit ne constitue pas la preuve qu'une personne ne l'a pas touché.

"Les traces d'un contact transitoire, quand on touche un objet, sont les plus difficiles à analyser", a répondu l'expert à la présidente, qui faisait probablement allusion à l'absence d'ADN de l'accusé sur la porte du local d'accueil du Musée juif, que ses avocats considèrent comme une preuve de son innocence. "Des dizaines de raisons peuvent expliquer qu'on ne retrouve pas l'ADN de quelqu'un", conclure que son absence à un endroit est une preuve est "trop simple", a affirmé l'ingénieur, en réponse à une question du procureur fédéral. Le matériau a une influence sur la qualité de la trace, tout comme le fait que l'objet soit lisse ou poreux, a assuré l'expert. Une poignée de porte en métal constitue ainsi un "facteur défavorable", selon lui. Tout le monde n'est pas égal en matière de quantité d'ADN laissé à un endroit, "il y a de 'bons' et de 'mauvais' donneurs", a-t-il encore précisé. En outre, lorsque plusieurs personnes touchent le même objet, la trace est plus faible et l'ADN plus fragmenté, ce qui complique l'analyse. L'ingénieur a rappelé que l'ADN de Mehdi Nemmouche avait été retrouvé sur une cinquantaine d'objets dont il était en possession au moment de son arrestation, dont la kalachnikov. Le profil de l'autre accusé Nacer Bendrer a lui été mis au jour sur le pistolet Glock et le fusil de chasse découverts dans l'appartement où il a été appréhendé, à Ceyreste, à l'est de Marseille. 

9h50 - Maître Courtoy prend brièvement la parole pour dire que cette déclaration est une volonté de Mehdi Nemmouche. 

9h43 - En début d'audience, Mehdi Nemmouche prend la parole et fait une déclaration qu'il lit de manière déterminée. 

"Je suis emmuré dans une tombe pour un crime que je n’ai pas commis. J’ai l’espoir d’un procès honnête et je constate que les jurées écoutent avec attention. Je suis catastrophé d’apprendre que certains craignent pour leur sécurité suite au cambriolage de Maître Lurquin. J’interdis à qui que ce soit d’intimider les jurées et les magistrats. Je demande qu’on laisse tranquille les magistrats et les jurés. Je n’ai rien à voir avec ce cambriolage que je condamne. Je rappelle que je suis en isolement et que je n’ai de contact avec personne. Si quelqu’un pense qu’intimider me rend service, c’est faux. Ce cambriolage n’a rien à voir avec moi. Je ne suis pas le tireur du musée juif, je n’ai jamais fait partie d’une cellule terroriste et je demande de laisser tranquille les jurés et les magistrats. Je condamne les attentats qui ont eu lieu en France et en Belgique car il s’agit du meurtre d’innocents et qu’aucun dieu n’accepte le meurtre d’innocents."

"Elles appréhendent cet instant"

La cour entendra, en fin de matinée, les deux filles d'Emmanuel et Miriam Riva, le couple de touristes israéliens tués lors de l'attentat au Musée juif. Celles-ci n'avaient pu venir témoigner en même temps que les autres parties civiles, le 18 janvier dernier. "Pour ces jeunes filles, être confrontées à la vision de monsieur Nemmouche est quelque chose de terrible, explique Marc Libert, avocat de la famille Riva, au micro de RTL INFO. Elles appréhendent évidemment cet instant. Nous avons essayé de les rassurer et de les aider dans cette mission difficile."

Quelle est la volonté des deux filles ? Selon leur avocat, c'est de "faire revivre leurs parents un instant. Des photos vont être diffusées dans la salle. Deuxièmement, raconter leurs parents. C’était une famille très unie, très aimante, très attentive. Madame Riva avait décidé de lever le pied au niveau professionnel pour s’occuper davantage de ses deux enfants. C’est une famille aimante, je crois que c’est ça qu’elles voudraient faire transparaître aujourd’hui".


 

Vos commentaires