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Procès Mawda: "Le policier a tiré sur nous sans aucune hésitation", témoigne le père

 
 

Le procès de l'affaire Mawda a repris mardi au tribunal correctionnel du Hainaut division de Mons. Le tribunal a entendu les parents de la petite fille tuée d'une balle dans la tête lors de la course-poursuite qui s'est déroulée sur l'autoroute E42, la nuit du 16 au 17 mai 2018. La mère a brandi le dernier biberon de l'enfant lors de l'audience. "Pourquoi avez-vous osé tirer?", a-t-elle demandé au policier poursuivi pour homicide involontaire.

Le père de Mawda a été le premier à prendre la parole, en néerlandais. "Je peux vous certifier que, même après deux ans et demi, je n'ai rien oublié de ce qu'il s'est passé cette nuit-là", a-t-il déclaré. Il a expliqué qu'il y avait de nombreuses personnes présentes dans la camionnette, dont une autre famille avec deux enfants. "Mawda se trouvait derrière le chauffeur avec sa maman. Moi, je me trouvais avec mon fils près de la porte de la camionnette", a-t-il précisé. "C'est l'autre famille qui a montré ses enfants, mais pas nous."

Après la course-poursuite, engagée avec la police face au refus du chauffeur de s'arrêter malgré les injonctions des forces de l'ordre, "nous sommes descendus en dernier du véhicule. J'ai pris Mawda dans mes bras, elle perdait beaucoup de sang. J'ai commencé à crier "Ambulance!" - c'est le même mot dans ma langue - et demandé de l'aide mais les agents de police n'étaient pas très polis. Ils ont pris Mawda et m'ont frappé".

"J'ai vu le policier quand il a pris son arme. Sans aucune hésitation, il a tiré vers nous. Je l'ai vu tirer une seule fois et cela a touché ma fille. Ce n'est pas une simple perte, nous sommes traumatisés, mon fils aussi. Quand il voit un policier en rue, je dois le protéger car il pleure", a poursuivi le père de Mawda. 

"Ils nous ont traités de manière inhumaine. L'ambulance est arrivée tard et ils nous ont empêchés de monter dans le véhicule de secours", a-t-il ajouté. Après deux jours et deux nuits sans de nouvelles de leur fille, les parents n'ont revu l'enfant qu'après son décès. "Nous ne l'avons plus vue dans des circonstances normales mais après l'autopsie. Je ne peux pas oublier une telle chose, ce n'est pas humain. La chose la plus importante que j'ai à vous dire, c'est que ma fille est toujours restée près de mon épouse et que nous avons été traités de manière très inhumaine."

La mère de Mawda, quant à elle, n'a pas pu retenir ses larmes au moment de prendre la parole. Elle dit compter les jours et les heures depuis la mort de sa fille. "Un prévenu a déclaré qu'il m'avait remis Mawda mais c'est faux, elle est toujours restée avec moi. Je ne l'ai donnée à personne", décrit-elle.

"Après le tir, la camionnette a eu une collision avec un camion", poursuit la mère. "Elle s'est arrêtée et chacun est sorti. Nous étions les derniers à descendre. Mon mari a remarqué que Mawda perdait du sang. Malgré les injonctions des policiers, il réclamait une ambulance. Il a essayé de se faire comprendre avec des signes. Nous étions couverts de sang. Ils savaient qu'on avait tiré. Ils ont enlevé Mawda des bras de son père et l'ont jetée par terre."

Elle ajoute qu'une policière l'a tirée par les cheveux pour l'empêcher de suivre sa fille dans le véhicule de secours. La mère de Mawda a également montré le dernier biberon de sa fille, qu'elle conserve soigneusement depuis les faits, ainsi qu'une étoffe que la jeune fille avait toujours avec elle et une touffe de ses cheveux. "Pourquoi avez-vous osé tirer?", a-t-elle demandé au policier poursuivi pour homicide involontaire.

L'audience avait par ailleurs débuté avec les contestation des deux Irakiens prévenus. L'un s'est plaint de ne pas avoir reçu ses vêtements et "d'être rabaissé" depuis des mois, l'autre prétend que cela fait des semaines qu'il demande à voir un médecin pour un problème épidermique mais que personne ne s'occupe de son cas. 


 

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