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39 migrants avaient péri dans un camion frigorifique en Angleterre: la Belgique était au courant, mais n'est pas intervenue

 
 

En octobre 2019, les corps de 39 migrants ont été retrouvés dans un camion frigorifique en Grande-Bretagne. Ils étaient passés par la Belgique avant de traverser la Manche. La justice néerlandaise avait suivi certains d'entre eux, des mineurs, jusqu'à Anderlecht avant qu'ils ne tentent la traversée. Suite à un manque de communication, les autorités belges n'ont rien fait pour tenter d'arrêter les passeurs.

Le 12 octobre 2019, deux mineurs vietnamiens sont conduits en taxi vers une maison située à Anderlecht. Ces jeunes migrants sont suivis depuis les Pays-Bas par la police néerlandaise, qui enquête sur un possible trafic d'êtres humains.

Les autorités néerlandaises demandent alors l'accord du parquet de Bruxelles pour poursuivre leurs observations. "Les autorités néerlandaises doivent en effet demander notre accord pour accomplir certains devoirs d'enquête", nous confirme Denis Goeman, substitut du procureur du Roi au parquet de Bruxelles. "Cette demande est effectivement accordée par le magistrat bruxellois, qui autorise donc que les autorités néerlandaises fassent des observations, et puis on nous a demandé d'attendre de nouvelles instructions, notamment avec l'agent de liaison aux Pays-Bas. Et ces instructions ne sont jamais arrivées, c'est pourquoi l'enquête a été bloquée en Belgique."

Des conséquences dramatiques

Douze jours plus tard, les deux mineurs vietnamiens décèdent avec 37 autres personnes dans un camion frigorifique en Grande-Bretagne, après une traversée de la Manche à bord d'un ferry qui venait de Zeebruges.

Selon une source proche du dossier, l'information néerlandaise nécessitait une intervention.

Il fallait mettre en place un dispositif pour intercepter les deux mineurs d'âge en danger et ouvrir une enquête sur base des informations des Hollandais afin d'essayer d'identifier les passeurs et les 37 autres migrants pour empêcher que tout cela n'arrive, indique cette source anonyme.

Pas assez d'informations pour intervenir

Pour le parquet de Bruxelles, les informations n'étaient pas suffisamment précises pour envisager une intervention. Le taximan qui a pris en charge les deux jeunes vietnamiens, par exemple, n'était pas connu pour trafic d'être humains. "La maison n'était pas référencée comme étant une 'Safe House', c'est-à-dire un endroit de transit de personnes voulant rejoindre l'Angleterre", explique Denis Goeman. "Tous ces éléments ne permettaient pas d'aller en flagrant délit à l'adresse dite, raison pour laquelle l'enquête était entamée, mais en attente de nouveaux éléments."

Les enquêteurs néerlandais n'ont pas donné plus d'informations à la Belgique, avant la découverte des 39 corps, survenue une dizaine de jours plus tard. 


 

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