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Moment pénible au procès sur la mort de Valentin: le principal accusé détaille les faits, la maman de Valentin quitte la salle

Moment pénible au procès sur la mort de Valentin: le principal accusé détaille les faits, la maman de Valentin quitte la salle
© Belga
 
 

Le procès des bourreaux présumés de Valentin Vermeesch se poursuit aux assises de Liège. Le Hutois âgé de 18 ans souffrant de handicap mental avait été tué la nuit du 26 au 27 mars 2017 à Wanze, lors d'une très longue scène de violences et de tortures avant d'être précipité dans la Meuse, où il s'était noyé.

Suite aux interrogatoires et Dorian Daniels puis de Loïck Masson, c'est Killian Wilmet qui a été questionné par la présidente ce mardi matin. L'homme s'est montré peu bavard devant la cour d'assises de Liège. Âgé de 16 ans au moment des faits, l'accusé, qui avait filmé avec sa tablette une partie des sévices subis par Valentin Vermeesch, dit avoir montré les images à des amis "comme pour appeler à l'aide".
 
L'enfance de Killian Wilmet, dont le père a eu cinq enfants avec sa mère, sans les reconnaître, avant d'en avoir cinq autres par la suite avec une autre compagne, a été passée en revue lors de son interrogatoire. L'accusé reconnaît qu'il n'aimait pas l'école et se montrait difficile "exprès pour être renvoyé et ne plus devoir aller à l'école". C'est le cas dès ses 16 ans.

Killian a alors commencé à "se promener en ville". Placé en IPPJ, il a aussi participé à une émeute. La présidente de la cour d'assises a aussi évoqué entre autres des vols et port d'arme factice. Dans ce dossier, le tribunal de la jeunesse s'était finalement dessaisi de son cas. "Vous avez filmé les gages de Valentin et vous les avez ensuite montrés. Pourquoi?", lui a demandé Catherine Urbain. "Je ne sais pas l'expliquer".


Les avocats côté accusation et parties civiles regrettent l'attitude des accusés

L'attitude peu loquace de Killian Wilmet a fait réagir l'avocate générale. "Il faudra vous expliquer, monsieur Wilmet. Vous ne pouvez pas dire que vous ne vous souvenez pas. C'est le sens du procès aujourd'hui", lui a-t-elle lancé. "On entend bien mieux monsieur Wilmet sur les vidéos qu'aujourd'hui!", a embrayé Me Alexandre Wilmotte, avocat des parties civiles.

Ce dernier a le sentiment que les accusés "tentent de fuir leurs responsabilités, même sur des questions anodines relatives à leur histoire personnelle", a-t-il ajouté lors d'une interruption d'audience. "Nous n'avons pas encore abordé la réalité des faits pour lesquels ils sont poursuivis et, déjà, on sent toute la prudence dans leurs propos", regrette l'avocat. "Il y a des réticences dans leur chef à dire la vérité".

"Ce n'était pas pour me vanter", a enfin déclaré du bout des lèvres Killian Wilmet. "J'avais peur d'expliquer. C'était comme pour demander de l'aide". Le jeune homme avait montré les images à trois amis, dit-il, avant de confier sa tablette à sa sœur "pour ne pas que quelqu'un d'autre tombe dessus".


Loïc Masson: un accusé qui a frôlé la mort à cause d'un cancer


Après Dorian Daniels, c'est Loïck Masson, un autre accusé, qui a été interrogé par la présidente de la cour d'assises de Liège. Né en France avant un déménagement de la famille en Belgique, le jeune homme de 23 ans est un passionné de mécanique, de moto et de tuning. Atteint d'un cancer des ganglions à l'âge de 18 ans, l'accusé est aujourd'hui en rémission.
 
Quand la famille Masson est rentrée en Belgique, une dizaine de déménagements se sont enchaînés. Racontant son enfance, Loïck a évoqué des coups de martinet donnés par son père et une "maman un peu trop poupoule" avec laquelle il entretenait une bonne relation, tout comme avec ses frères et soeurs. Son parcours scolaire a été semé d'embûches. "Je n'arrivais pas à suivre", raconte-t-il.

Le jeune homme se dit aussi traumatisé par des moqueries subies en secondaire. "On disait: regardez le petit avec ses boutons, qu'il aille se pendre, il est moche, file moi ton déjeuner...".

La présidente est aussi revenue sur sa maladie, diagnostiquée à l'âge de 18 ans. "Je ne voulais pas mourir", a-t-il déclaré. "Votre maman a dit de vous: avec cette maladie, il sait d'autant plus la valeur de la vie", lui a-t-elle fait remarquer. "Oui, j'ai vu (la mort) de près".


Le rapprochement avec un autre accusé du procès

Après son cancer, Loïck Masson, fort affaibli, s'invente une vie pour se sentir mieux. "Je me suis mis en photo sur Facebook malade et là, des soi-disant amis me traitaient de tas d'os, M. Propre. J'ai effacé mes photos et je me suis dit: moi aussi, je peux être comme tout le monde".

Jusqu'à la rencontre avec sa future compagne, Lisa-Marie M. (renvoyée devant le tribunal correctionnel dans cette affaire pour non-assistance à personne en danger). "Elle a changé ma vie", a raconté Loïck. Le couple a vécu chez lui, dans son appartement de Statte. C'est dans ce cadre que l'accusé rencontre sa voisine, Belinda Donnay, également renvoyée devant les assises pour ces faits.

Le jeune homme a alors commencé à faire de la moto avec le compagnon de celle-ci, Alexandre Hart. "Parfois, il me déguisait en costume de Minion ou en soldat et il me faisait me rendre ridicule comme ça. Il disait: allez, mets-le, on va bien s'amuser", a expliqué l'accusé. "Moi je n'avais pas envie mais je le faisais quand même".

Il en a ensuite voulu à Alexandre après un accident de moto, qu'il impute à son ami, qui faisait "des zigzags". "Ma moto était bousillée, je lui en voulais parce que ce n'était pas lui qui payait les pièces, c'était moi".

Selon lui, Valentin Vermeesch était "normal". Le jour des faits, il raconte que la victime était venue le voir tandis qu'il travaillait sur sa moto. Valentin souhaitait avoir des nouvelles d'un habitant du dernier étage qui avait eu un accident. "Il était très gentil".


Alexandre Hart explique le déroulement des faits

Ce mardi après-midi, l'accusé central du procès, Alexandre Hart, est revenu sur les faits. "Tout a commencé avec des gages et un jeu action ou vérité. Valentin doit boire plusieurs bières cul sec et fumer un joint pur".

Alexandre Hart et Belinda Donnay refusent qu’ils parlent à sa grand-mère qui téléphone et qui s’inquiète de ne pas le voir revenir. "Valentin est menacé d’un couteau. Il est contraint de se masturber. Alexandre Hart trouvait cela amusant. Valentin lui, pleurait...", raconte notre journaliste sur place, Antoine Schuurwegen. 

Viennent ensuite les coups de pieds, de poings, au visage, dans les côtes, dans le ventre... Alexandre Hart dit "être en retrait". Il reconnaît qu’il "incitait les autres". Sous les coups, Valentin s’est évanoui. Durant toutes les scènes de coups, Valentin cherchait à se défendre. Alexandre Hart reconnaît qu’il "avait envie de lui faire mal, notamment en lui écrasant les parties génitales avec le pied".

Durant l'audience ce mardi après-midi, à l'écoute de ces révélations, la mère de Valentin a dû sortir de la salle. Son père, lui, essuie ses larmes.


Quand ils sortent, Valentin essaie encore de fuir

Quand ils sortent, Valentin, menotté, tente de fuir. Il crie, il appelle à l’aide, mais il est rattrapé et frappé à nouveau. Ils le frappent dans les jambes pour le faire boiter et dans les côtes pour l’empêcher de respirer. Après une nouvelle scène de coups, Valentin est au sol. Il est conscient. Alexandre Hard et Belinda Donnay veulent le tuer. Il entend. Il les supplie : "Laissez-moi vivre", criait Valentin.

Les 3 autres sont là, ne sont pas d’accord, mais personne ne réagit pour les en empêcher.


Dorian Daniels s'était rendu au commissariat

L'audience de ce mardi s'était ouverte le matin avec l'interrogatoire de l'un des cinq accusés: Dorian Daniels, 22 ans. Comme pour Belinda Donnay et Alexandre Hart la veille, la présidente est d'abord revenue sur le parcours de vie de l'accusé. Le jeune homme, "pas très motivé en classe", à l'attitude nonchalante, n'a jamais posé de problème de comportement ou de discipline à l'école ou dans sa vie professionnelle. Après la découverte du corps de Valentin, le 14 avril 2017, Dorian Daniels s'était rendu au commissariat.


Un ami proche d'Alexandre Hart, un autre accusé

Dorian Daniels décrit son enfance comme heureuse, avec beaucoup d'amour. Sa petite amie, qui lui rend toujours visite en prison aujourd'hui, dit de lui qu'il est "gentil, serviable, doux", tandis que lui-même se définit comme plutôt timide, ayant du mal à "s'intégrer à un groupe".

A environ 17 ans, il a rencontré Alexandre Hart, également dans le box des accusés, à l'Ecole Polytechnique de Huy 1. "On était dans le même délire. Parmi toute la classe, c'est le seul avec qui j'ai pu m'intégrer".

Les deux jeunes ont séché les cours ensemble, "mais on ne faisait pas de conneries", assure-t-il. Par le biais d'Alexandre, il a aussi rencontré Belinda Donnay. "C'est devenu ma meilleure amie". Les deux jeunes se surnomment "tata" et "neveu". Dorian Daniels fait aussi le lien entre Killian Wilmet, le plus jeune des accusés et un ami de sa soeur, et le reste de la bande.

Lorsqu'il s'est rendu au commissariat pour raconter les faits, il n'a dans un premier temps pas parlé de Killian. "Parce qu'il était mineur, c'était un ami".

 Quand on entend les enregistrements,  vous êtes quand même très virulent et violent dans les coups

"On n'entend jamais parler en négatif de vous", a relevé la présidente, Catherine Urbain. "On vous décrit comme gentil mais quand on entend les enregistrements (une partie des sévices ont été filmés, NDLR), vous êtes quand même très virulent et violent dans les coups. Comment expliquez-vous cela?".

"Je ne sais pas", a-t-il répondu, en pleurs. Dorian Daniels parle de Valentin comme "d'une connaissance, sans plus", quelqu'un de "gentil". "Je savais qu'il avait un retard mental, ça se voyait à son visage et sa façon de parler. Quand il discutait, on aurait dit un enfant", ajoute-t-il.


Il a giflé Valentin deux jours avant les sévices

La présidente est ensuite revenue sur une brève altercation entre les deux jeunes à Huy, deux jours avant la mort de Valentin. Ce jour-là, Dorian avait giflé ce dernier, qui aurait fait une remarque déplacée au sujet de sa soeur. "Il a dit que ma soeur était jolie, qu'elle était bonne" et qu'il voulait avoir une relation sexuelle avec elle.

"A la police, vous dites qu'il voulait violer votre soeur, c'était un peu exagéré?", lui a demandé la présidente. "Moi, je l'ai compris dans ce sens-là", a-t-il répondu.


Son ami Alexandre aurait harcelé sa soeur

Par ailleurs, Alexandre Hart a eu une relation avec la soeur de Dorian Daniels et a vécu dans la famille pendant un moment. "J'ai appris qu'il n'était pas correct avec ma soeur. Il la méprisait. Il la rabaissait, disait qu'elle était grosse, pas intelligente. Ça ne me plaisait pas car je le considérais comme un ami". Le couple a rompu mais Alexandre et Dorian sont restés amis.

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Revenant à nouveau sur les faits, la présidente lui a demandé pourquoi il avait décidé de se rendre à la police. "J'ai appris la mort de Valentin sur Facebook et j'ai voulu prendre mes responsabilités", a-t-il expliqué. Le soir précédant la découverte du corps, un ami l'avait appelé, lui indiquant qu'"Alexandre mettait tout sur son dos". Le jeune homme, "énervé", avait alors posté un message: "tu veux gâcher ma vie. (...) De ta faute, j'ai des problèmes. Te tracasse, tu en auras aussi. De ta faute, je risque plein de choses. Tu mets tout sur mon dos. (...) J'irai moi-même te balancer pour ce que tu as fait. Enflure, tu mérites de crever pour ce que tu as fait". "Après, j'ai décidé de couper les ponts avec tout le monde, je n'ai plus eu de contacts avec lui", précise encore l'accusé.


Rappel des faits: des actes d'une atrocité extrême

Valentin Vermeesch a été tué dans la nuit du 26 au 27 mars 2017 à Wanze. Son cadavre avait été retrouvé le 14 avril, les mains menottées dans le dos et un essuie de vaisselle noué autour du cou. L'enquête avait mené à plusieurs de ses connaissances à Huy. La veille des faits, en soirée, il avait été invité dans un appartement du quartier de Statte, où il avait subi des gages et des moqueries. La scène avait ensuite dégénéré et, dans une dynamique de groupe, les cinq accusés lui avaient porté des coups et infligé des tortures.

Le dossier évoque des scènes de sévices sexuels, des traitements inhumains et dégradants et des faits de coups puissants. Valentin Vermeesch avait aussi été menotté dans le dos. Après plusieurs heures de violences, les bourreaux de Valentin lui avaient fait croire qu'il pouvait s'échapper. Mais ils l'avaient rattrapé avant de l'attacher à une barrière et de lui imposer de nouvelles tortures. Finalement, il avait été jeté vivant à l'eau pour que les jeunes se débarrassent de lui et qu'il ne les dénonce pas. Les agresseurs avaient de plus filmé le calvaire subi par le jeune homme. La tablette numérique du plus jeune d'entre eux, âgé de 16 ans, contenait les images des sévices.


 

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