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L'ambassade de Chine en Belgique demande des excuses à un journal belge après cette caricature

L'ambassade de Chine en Belgique demande des excuses à un journal belge après cette caricature
(C) De Standaard
 
 

L'ambassade de Chine en Belgique a demandé au journal flamand De Standaard, et à son dessinateur Lectrr, qu'ils retirent une caricature et présentent publiquement leurs excuses pour l'offense occasionnée par un dessin publié sur le site du quotidien. L'Association des entreprises chinoises en Belgique et au Luxembourg (AECBL) s'est jointe à cette demande, à laquelle le rédacteur en chef du journal, Karel Verhoeven, n'a pas l'intention d'accéder. "Les caricatures bénéficient du plus haut degré de liberté", défend-il.

Le dessin de Lectrr, publié en ligne le 23 janvier, présente un drapeau chinois dont les étoiles sont remplacées par le symbole représentant la forme du virus. "La publication, choquante, (...) a mutilé le drapeau national sans aucune forme de respect et a blessé le peuple chinois", a déclaré l'ambassade de Chine en Belgique sur son site web. Selon elle, cette représentation viole le code de conduite journalistique et est moralement incorrecte.

La caricature n'a pas pour intention d'insulter 

La diplomatie chinoise demande au journal et au dessinateur de "retirer immédiatement la caricature, de prendre des mesures pour rattraper cette erreur et de présenter des excuses publiques au peuple chinois". L'AECBL a également réagi en dénonçant sur son site une "culture de l'intolérance" et "l'entretien d'une rhétorique xénophobe". Karel Verhoeven a répondu que De Standaard n'allait ni retirer sa publication ni présenter la moindre excuse et a répondu à la représentation chinoise que la Belgique connaissait une "longue tradition libérale en matière de liberté d'expression et de publication. Les caricatures bénéficient du plus haut degré de liberté, c'est pourquoi nous ne pouvons satisfaire ces exigences", a-t-il riposté. "Nous comprenons que d'autres sensibilités soient en jeu dans cette crise et que les Chinois craignent d'être montrés du doigt en Belgique. Mais cette illustration ne répond pas à ces sentiments négatifs."

"Je me demande ce que la Cour européenne des droits de l'homme en fera."

Le rédacteur en chef du journal a aussi expliqué à Belga que cet incident est "basé sur un malentendu culturel. Il n'y a insulte que s'il y a eu intention d'insulter, au préalable, ce qui n'était pas le cas. Chez nous, le drapeau national a une valeur émotionnelle différente et ne porte pas cette lourde charge morale. Tout Belge qui agite le drapeau noir-jaune-rouge floqué du logo Jupiler le comprend".

Karel Verhoeven s'interroge cependant sur les véritables motifs derrière cette indignation. Une caricature semblable, publiée dans le journal danois Jyllands-Posten, a aussi provoqué une réaction outrée de l'ambassade de Chine à Copenhague. L'ambassadeur chinois aux Pays-Bas a par ailleurs déclaré espérer que le gouvernement néerlandais punisse les médias qui publieraient des dessins blessants sur le coronavirus. "Je me demande pourquoi ils continuent ainsi, alors qu'un croquis comme celui de Lectrr s'adresse clairement à un public flamand qui en comprend très bien le sens", dit le journaliste. "Est-ce une diversion pour détourner l'attention de quelque chose? " Verhoeven affirme que l'ambassade de Chine peut aller au tribunal, si elle souhaite absolument poursuivre sa demande d'interdiction. "Je me demande ce que la Cour européenne des droits de l'homme en fera."


 

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