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Inondations: le Service public wallon partage les alertes européennes reçues

 
 

En réponse à la demande du ministre wallon des Travaux publics, le Service public wallon Mobilité et Infrastructures (SPW MI) a partagé la liste des notifications reçues lors des inondations. Elles ont été envoyées par le système européen de prévision de crues, l'"European Flood Awareness System" (EFAS). De fortes précipitations ont frappé plusieurs pays d'Europe et provoqué des inondations meurtrières dans le sud du pays. Sur les 24 notifications reçues par le SPW MI, seules quatre concernaient spécifiquement la Wallonie, a annoncé vendredi cette administration régionale.

Ces notifications sont sommaires et apportent une aide limitée

Depuis 2014, le SPW MI est partenaire d'EFAS. Dans ce cadre, il fournit quotidiennement les données de six stations hydrologiques du réseau wallon, installées sur la Meuse à Chooz (située en France mais gérée par la Wallonie), à Amay et à Visé, sur l'Ourthe à Angleur, sur la Sambre à Salzinnes (Namur) et sur l'Escaut à Tournai.

Grâce à la collecte de données journalières issues de plusieurs pays, l'EFAS alerte ses membres d'un risque éventuel de crue pour l'exutoire d'un bassin en particulier et de grande taille (plus de 2.000 km²), ou une région précise. "Ces notifications sont sommaires et apportent une aide limitée en matière de préparation au risque de crue. Elles doivent nécessairement être précisées au moyen de prévisions météorologiques et de modèles hydrologiques spécifiques. En Région wallonne, l'IRM (Institut royal météorologique) fournit les prévisions météorologiques au SPW MI qui en assure le traitement et l'analyse pour la gestion des alertes de crue des cours d'eau", a précisé cette administration dans un communiqué. La presse a récemment fait état de 25 notifications EFAS reçues par le SPW MI en lien avec la dernière période de fortes précipitations.

"L'extraction des notifications reçues par le SPW MI fait état de 24 e-mails effectivement reçus. Neuf d'entre eux peuvent être considérés comme des doublons d'autres notifications préalablement reçues et, parmi les quinze notifications restantes, seules quatre concernent spécifiquement la Wallonie", a souligné le SPW MI.

Ces précisions font suite à une demande formulée par le ministre wallon des Travaux publics, Philippe Henry (Ecolo). Le SPW MI assure poursuivre la collecte rigoureuse des informations en lien avec la gestion des voies hydrauliques lors des récentes inondations. "Ces données permettront d'avoir la meilleure compréhension possible des récents événements, notamment au travers de l'étude indépendante qui sera chargée de les analyser", explique le communiqué.

Critiques contre la gestion du barrage d'Eupen

Damien Ernst, ingénieur informaticien et professeur de l'université de Liège, a parlé d'erreur colossale lorsqu'il a évoqué la gestion des violentes intempéries qui ont frappé le pays. Selon lui, si les inondations ont été les pires dans les localités qui bordent la Vesdre, c'est parce que le barrage d'Eupen qui permet partiellement de contrôler le débit de la rivière n'a pas anticipé les précipitations abondantes de fin de semaine.

"La majorité des destructions ont eu lieu dans la vallée de la Vesdre, le long du cours d'eau. Elles sont principalement dues au fait que le barrage d'Eupen a du relâché de l'eau en pleine crise alors qu'il était censé la retenir. Il y a eu une erreur majeure en termes de prévision. Il aurait fallu relâcher de l'eau de ce barrage dès samedi ou dès lundi pour avoir la capacité suffisante pour retenir l'eau au pic de la crue. Cela n'a pas été fait. Ils ont du lâcher l'eau le mercredi, ce qui a créé ce "tsunami" qui a ravagé Verviers, Eupen, Dolhain et tous ces endroits le long de la Vesdre. C'est vraiment une erreur colossale en termes de gestion de risque. Les responsabilités sont immenses. On ne peut pas attribuer cette erreur à la malchance"avait-il estimé sur RTL INFO.

L’eau dévale beaucoup plus vite dans la rivière

Dans une interview donnée à nos confrères de Sudpresse, le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry est revenu en début de semaine sur cette gestion et s'explique. Il a indiqué que les prévisions IRM ne parlaient que de "150 mm d’eau par m² sur toute la province de Liège et sur trois jours". "Or, le barrage a une capacité de 25 millions m³ et était, à ce moment, à moitié plein. Il pouvait donc absorber toutes les pluies annoncées", a-t-il indiqué. 

Pourtant, dès mercredi, le barrage d'Eupen était plein. "Il a accumulé en 48 heures 13,4 millions de m³ parce que les pluies ont été exceptionnelles", a rappelé le ministre régional. 

Nos confrères de Sudpresse ont rappelé que préventivement, les barrages de Robertville et de Butgenbach avaient été vidés. Une telle mesure n'aurait pu être prise pour le barrage d'Eupen? "Si on lâchait préventivement 40 m³ par seconde, et même 30 m³, on noyait la ville basse d’Eupen. Allait-on faire ça alors que les prévisions indiquaient que le barrage serait suffisant ? De plus, les versants de la vallée de la Vesdre sont plus abrupts que ceux de la Warche. L’eau dévale beaucoup plus vite dans la rivière. C’est une grande différence", a justifié Philippe Henry.

Une étude indépendante sur la gestion des voies hydrauliques

Le ministre wallon en charge des Infrastructures Philippe Henry a annoncé jeudi vouloir faire la "clarté complète" sur les informations dont l'administration wallonne était en possession dans les heures qui ont précédé les inondations meurtrières qui ont ravagé une bonne partie de la Wallonie la semaine passée, ainsi que sur le déroulé des actions prises faces à celles-ci.

Dans cette optique, le ministre écologiste demande jeudi au Service public de Wallonie (SPW) de publier "dans les 24 heures" toutes les informations relatives aux données EFAS (le système d'alerte européen de risques de crues, ndlr). Dans la foulée, il a aussi décidé de commander, à très brève échéance, une "analyse indépendante" sur la gestion des voies hydrauliques, et notamment la régulation des eaux au moyen de barrages.

"Les démarches administratives sont en cours pour mandater un bureau d'études dans les prochains jours et disposer de conclusions dès la fin de l'été", commente le ministre, dans un communiqué. Pour lui, cette étude devra déterminer de l'information disponible au cœur de la crise, de sa diffusion vers les différents niveaux concernés, et sur le processus de décision. 

Le ministre veut également savoir comment les prévisions hydrologiques sont élaborées, et comment elles doivent être adaptées le cas échéant. Il entend aussi y voir plus clair dans les procédures et principes de gestion des infrastructures en amont et en cours d'intempéries, et sur les moyens de les améliorer. "Ce travail, mené de manière objective, est aussi nécessaire si l'on veut tirer des leçons pour l'avenir", selon le ministre. "Je m'engage à ce que les analystes aient accès à tous les services de gestion hydrologique du SPW Mobilité et Infrastructures ainsi qu'à toutes les informations et documents nécessaires pour mener à bien leur mission", a-t-il ajouté, promettant de livrer les résultats au parlement wallon.


 

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