Tentative d'évasion ou de suicide du prévenu, risque d'attentat: tous les scénarios mobilisent l'attention des forces de sécurité pour la première comparution publique d'un suspect-clé de la cellule franco-belge à l'origine des attentats de Paris et Bruxelles.
Le procès de Salah Abdeslam qui s'ouvre ce lundi matin à Bruxelles a nécessité la mise sur pied d'un dispositif de sécurité hors norme dans et aux abords du palais de justice. C'est dans ce cadre à la fois majestueux et désuet que doit être jugé pendant quatre jours Salah Abdeslam, seul survivant des commandos jihadistes qui ont attaqué Paris le 13 novembre 2015 (130 morts), et aujourd'hui détenu réputé le plus surveillé de France.
La présence policière et les mesures de sécurité sont pour l'occasion renforcées au palais de justice, les professions judicaires devant se soumettre, comme le public et les journalistes, au détecteur de métaux. Plus de 230 journalistes ont été accrédités. Le stationnement sur les parkings jouxtant le palais est interdit, la circulation fermée dans la rue située derrière l'édifice et le ciel surveillé par des hélicoptères.
Claude Moniquet, expert en contre-terrorisme livrait son analyse sur les risques éventuels liés à la tenue d'un tel procès, en présence du suspect numéro 1: "La tentative de suicide, c'est clairement ce qui fait le plus peur aux autorités françaises, mais elle peut avoir lieu à Bruxelles comme à Fleury Mérogis. Tout est fait pour amener Salah Abdeslam vivant au procès des attentats du 13 novembre. J'ai tendance à dire: Après il fera ce qu'il veut. Mais l'important c'est qu'il arrive vivant au procès parce que les victimes ont besoin de ce procès même s'il ne parle pas", développe l'expert.
Pour le reste, quels sont les autres risques?
Et de compléter: "Concernant un potentiel risque d'attentat pour le faire libérer? Et bien ce serait totalement illusoire. S'il y a un risque d'attentat, ce serait uniquement pour marquer les esprits. C'est est possible, mais je ne verrais pas le sens de cibler le palais de justice alors que ça pourrait se faire n'importe où en France ou en Belgique."
Qui pourrait agir? A ce sujet, Claude Moniquet est dubitatif. "Salah Abdeslam venait d'un petit groupe de voyous donc l'un de ses amis dans un esprit clanique de revanche et de solidarité pourrait envisager de faire quelque chose, mais c'est assez douteux. Donc fondamentalement, vu les mesures de sécurité qui sont prises et l'absence de menace constituée et remarquée autour du début de ce procès, je pense que cela devrait se dérouler dans un certain calme."
Une attaque sur le convoi?
Et lors des allers-retours entre la prison et le palais de justice de Bruxelles, faut-il redouter une potentielle attaque sur le convoi transportant le suspect numéro 1?
André Jacobs, ancien commissaire divisionnaire à la sûreté de l'Etat, n'y croit pas: "La police française joue un peu au jeu du chat et de la souris dans la mesure où ses équipes d'intervention sont particulièrement entraînées pour envoyer des leurres, c'est-à-dire, on propose un convoi, un deuxième convoi, et on change de destination au dernier moment. C'est très bien pensé et le risque de voir un de ces convois attaqués est pratiquement nul".
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