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Armé d'un revolver, Yilmaz Cakmak a tué son fils et sa belle-fille à bout portant: sa peine s'alourdit en appel

 
 

La cour d'appel du Hainaut a condamné, vendredi, Yilmaz Cakmak, auteur d'un double assassinat commis en juillet 2014 à Gerpinnes, à 28 ans de prison. En première instance, il avait été condamné à 20 ans de prison, le juge avait estimé qu'il s'agissait de la peine maximale qu'il pouvait prononcer en correctionnelle. Le ministère public avait fait appel uniquement sur la peine et la cour a suivi ses arguments. Quant au prévenu, il s'est adressé à Me Mayence, avocats des parties civiles en ces termes: "contrairement à M. Wesphaël, vous avez condamné un innocent".


Rappel des faits

En appel, l'avocat général Marc De Brackeleer avait requis une peine de 30 ans de prison contre Yilmaz Cakmak, qui avait été condamné à 20 ans de prison par le tribunal correctionnel de Charleroi pour un double assassinat commis le 26 juillet 2014 à Gerpinnes. Yilmaz Cakmak avait assassiné son fils Michaël et sa belle-fille Déborah en raison d'un litige financier entre les parties, laissant ainsi une petite fille orpheline.

L'accusation a fait appel du jugement rendu le 31 octobre 2016, considérant que la sanction était insuffisante compte tenu de la gravité des faits et de la personnalité de Yilmaz Cakmak, un homme "froid et dangereux" qui a exécuté son fils d'un tir à bout portant, et sa belle-fille, tuée de deux coups de feu. L'un ayant touché la jeune femme à la mâchoire, l'autre à l'arrière de la tête, "un tir d'achèvement" selon l'accusation.

Le 26 juillet 2014, Yilmaz Cakmak s'était rendu à la police de Walcourt et il avait avoué le double crime. L'homme était encore armé de son Colt 357 Magnum. Son second fils était arrivé plus tard à la police et il avait raconté qu'il existait une tension entre son père et son frère en raison de soucis financiers, liés au travail de Michaël au sein des sociétés familiales, dont l'une avait fait faillite. "Il a tué les gens qu'il considérait comme étant à l'origine de ses problèmes financiers", avait affirmé l'avocat général.


Le prévenu pouvait être condamné à plus de 20 ans de prison

Le tribunal correctionnel avait prononcé une peine de 20 ans de prison contre celui qui avait avoué les faits lors de son procès, alors qu'il avait donné une version "farfelue" durant l'enquête, rétractant ainsi ses premiers aveux. Le tribunal avait appliqué l'article 25 du code pénal qui établit à 20 ans la peine maximale rendue par le tribunal correctionnel. Pour le ministère public, le raisonnement juridique du tribunal correctionnel quant à l'application de la peine était erroné. Quand les faits ont été commis, ce dossier n'était pas correctionnalisable et Yilmaz Cakmak aurait dû être jugé par la cour d'assises du Hainaut. Il aurait pu écoper, dès lors, de la peine de réclusion criminelle à perpétuité. Mais le procès a eu lieu après l'entrée en vigueur de la loi Pot Pourri II, qui permet à la chambre des mises en accusation de correctionnaliser les crimes les plus graves, et de la loi qui établit des échelles de peines, avec une peine maximale de 40 ans de prison en correctionnelle.

La cour d'appel a estimé que la fourchette de peine se trouvait entre trois et trente ans de prison, soit ce qu'encourait Yilmaz Cakmak devant la cour d'assises si celle-ci avait retenu des circonstances atténuantes. La peine de 40 ans de prison n'était pas applicable pour la cour d'appel. Le ministère public a aussi demandé de prononcer l'interdiction des droits prévus à l'article 31 du code pénal, ce qui n'a pas été prononcé par le tribunal correctionnel. Cette mesure n'a pas été prononcée en appel.


Invective contre Me Mayence

Au civil, le jugement en première instance a été confirmé. Avant d'être escorté vers sa cellule, Yilmaz Cakmak s'est adressé violemment à Me Jean-Philippe Mayence, avocat des parties civiles, en le pointant du doigt. "Vous avez condamné un innocent, contrairement à M. Wesphaël". Un incident qui a choqué l'assemblée, d'autant plus que Yilmaz Cakmak avait fait des aveux lors de son premier procès et qui confirme le profil psychopathique dressé par les experts.

Il s'agissait là du premier dossier criminel renvoyé en correctionnelle par la chambre des mises en accusation du Hainaut. Les parties avaient plaidé un renvoi devant les assises mais le président de la chambre avait retenu des circonstances atténuantes pour renvoyer ce dossier en correctionnelle, au grand désarroi des parties.


 

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