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"Violeur de la Sambre": Dino Scala condamné à 20 ans de réclusion criminelle, la peine maximale

"Violeur de la Sambre": Dino Scala condamné à 20 ans de réclusion criminelle, la peine maximale
© RTL INFO
 
 

Vingt ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers: Dino Scala a été condamné vendredi pour des viols et agressions sexuelles commis pendant 30 ans à la peine maximale encourue, jugée insuffisante par les victimes et même le parquet. Acquitté d'un viol et d'une tentative de viol, l'accusé, surnommé "le violeur de la Sambre", a été reconnu coupable par les Assises du Nord de 54 des 56 faits pour lesquels il était jugé, dont 16 viols. Sept des tentatives de viol qui lui étaient reprochées ont été requalifiées en atteintes sexuelles.

Dino Scala, 61 ans, était poursuivi dans cette affaire hors normes pour 17 viols, 12 tentatives de viol et 27 agressions ou tentatives d'agression sexuelle, commis entre 1988 et 2018 près de son domicile, autour de la rivière Sambre, en France mais aussi en Belgique. Il n'en avait reconnu que 40.
La peine, conforme aux réquisitions du parquet, qui avait cependant demandé sa condamnation pour tous les faits, est assortie d'un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans, avec injonction de soins. "Je vais présenter mes excuses aux victimes", a-t-il déclaré laconiquement vendredi matin, chemise noire et cheveux gris ras, laissant paraître peu d'émotion.

"Plafond de verre"

"Je me sens libérée d'un poids mais seulement pour une dizaine d'années, jusqu'à ce qu'il sorte", a réagi au verdict une des victimes, agressée à l'âge de 14 ans. "On sait que le cauchemar reviendra quand il sortira", a-t-elle ajouté. "Est-il normal qu'on touche un plafond de verre, qu'avec 10 ou 50 victimes, on encourt la même peine ? C'est une question à poser à nos députés", s'est émue une des avocate des victimes, Me Caty Richard.
Les parties civiles s'étaient déjà émues jeudi d'une peine maximale non adaptée au regard du nombre de vies gâchées. L'un des avocats généraux, Annelise Cau, avait elle-même estimé dans ses réquisitions que la peine encourue était "trop faible".

Elle avait appelé à une réflexion sur la prise en compte du caractère sériel des crimes sexuels et de leur préméditation, qui n'a à ce stade "aucune conséquence juridique". "Ce qui est regrettable c'est que la cour (...) n'ait pas constaté que le doute devait mener à plus d'acquittements", a à l'inverse déploré l'une des avocate de Dino Scala, Margaux Mathieu, qui avait fustigé une enquête "bâclée".
La question d'un appel "se posera" a-t-elle dit.

"Abîme"
Les trois semaines de procès n'ont pas permis de lever entièrement le mystère autour de Dino Scala, ouvrier bien inséré, marié, père de famille, entraîneur d'un club de football, mais à la personnalité caractérisée selon un expert psychiatre par un "abîme" entre face sociale et face cachée.
Très disert pour évoquer ses propres frustrations, il n'a fourni que des bribes d'explications sur ses passages à l'acte.
Un même mode opératoire se retrouve dans la plupart d'entre eux: des agressions presque toujours à l'aube, en hiver, généralement sur la voie publique, des victimes attaquées par derrière, étranglées, menacées souvent à l'aide d'un couteau.

Experts psychiatres et psychologues ont vu dans ces agressions une rage de dominer, un plaisir pris à la terreur des victimes, de la part d'un homme peu porté sur le sexe mais pétri de frustrations, qui exprime la plainte récurrente de n'avoir jamais été reconnu à sa juste valeur.
Sur les 56 victimes, âgées de 13 à 48 ans au moment des faits, près de la moitié n'a pas assisté au procès. Si trois d'entre elles sont décédées, beaucoup ont préféré ne pas se confronter à leur agresseur. Celles qui se sont succédé à la barre sont apparues profondément marquées. "Cela fait 22 ans que je revis ce viol, c'est un supplice", a témoigné l'une d'elle.

Certaines avaient également été malmenées lors de leur dépôt de plainte, voire traitées de menteuses.
Longtemps infructueuse, l'enquête a fini par aboutir après une agression en 2018 en Belgique, où la vidéosurveillance a capturé la voiture de Dino Scala. Dans cette affaire tentaculaire, 14 autres faits, écartés par la juge d'instruction, doivent selon le parquet faire l'objet d'investigations complémentaires après le procès.


 

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