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Moins de travail à cause du Coronavirus mais toujours plus de pensionnés: une seule solution à ce "cocktail explosif"

Moins de travail à cause du Coronavirus mais toujours plus de pensionnés: une seule solution à ce "cocktail explosif"
 
 

Le vieillissement de la population n’a évidemment pas cessé avec le confinement. En revanche l’activité économique en berne va peser longtemps sur le budget. Comment payer les pensions dans les années à venir?

D’abord ce constat, dressé par le Comité d'étude sur le vieillissement (CEV) du Conseil Supérieur des Finances dans son rapport annuel publié jeudi dernier : La crise du Covid-19 aura un impact important sur le coût budgétaire du vieillissement de la population. Entre 2017 et 2025, le budget annuel des pensions sera passé de 45 à près de 58 milliards d’euros. Les dépenses publiques liées au vieillissement de la population (pensions et soins de santé), vont continuer à croître jusqu’en 2040 : de 5% en 20 ans. Plus de la moitié de cette augmentation se produira dans les 5 ans à venir, car il faudra 5 ans pour rattraper le ralentissement de la production liée aux mesures de confinement. Et globalement, l’ensemble des dépenses sociales (pensions, mais aussi chômage, allocations, soins de santé…) passera en 2040 de 25 à 30% de la richesse nationale (produit intérieur brut).

Pourquoi une telle augmentation ?

La facture du vieillissement s’alourdit parce que l’économie ralentit, que le nombre de babyboomers nés dans l’après-Guerre et arrivant à la pension augmente, et que suite à la crise, la fécondité pourrait tomber de 1,88 à 1,7 enfant par femme. Moins de naissances, c’est moins d’actifs donc moins d’emplois et moins de richesse nationale pour payer les dépenses sociales et les pensions en particulier.

"Moins d’emplois, donc moins de salaires, donc moins de cotisations, donc déficit de la sécurité sociale puisqu’il faut verser les pensions", résume Jean Hindriks, professeur de finances publiques à l’UCLouvain.

Moins d'actifs et plus de pensionnés

C’est la partie systémique du problème : "Le fond du problème du coût du vieillissement c’est le fait qu’on ait de plus en plus de personnes qui partent à la pension et qui ne sont pas remplacées par un nombre suffisamment élevé de jeunes qui montent sur le marché du travail. On a un déséquilibre entre le nombre de personnes à la pension et le nombre de personnes en activité. Et avec un nombre de pensionnés plus élevés, une pension moyenne plus élevées, ça vous fait un peu un cocktail explosif avec des coûts de dépenses de pension qui augmentent plus rapidement que notre richesse nationale."

Encore moins d'actifs avec la crise du Covid-19

La crise du Covid-19 vient s’ajouter à ce problème en ralentissant la croissance économique. Et les dépenses sociales sont intimement liées à cette croissance : "Si vous perdez un tiers de point de croissance, 0,33%, et bien vous augmentez les coûts du vieillissement de 33%", explique Jean Hindriks.

Dans les chiffres, un tiers de l’économie privée a été fermée pendant le confinement. Ce qui entraînera pour l’année 2020 un recul de 10% de la richesse produite par la Belgique. « Le budget de l’État va probablement gonfler d’un dixième », résume Philippe Donnay, Commissaire au Bureau fédéral du Plan. D’après l’organisme, il y aura entre 150.000 et 180.000 pertes d’emploi d’ici fin 2021. Il faudra minimum 5 ans pour revenir à la situation de 2019.

Comment résoudre le problème ?

On ne peut pas diminuer le coût des pensions, comme le rappelle Michel Wuyts, le directeur de Fediplus, la fédération d’information et de défense des retraités et futurs retraités : "On ne peut pas aller dans une perspective de diminution des pensions dans le futur, surtout que les pensions en Belgique ne sont pas très très élevées. Mais donc il faut de véritables plans de relance de l’économie."

Il faudra relancer l'économie pour fournir plus d'emplois

La clé du problème est d’avoir une population active la plus large possible et une production de richesse en hausse et pas en baisse. Une seule solution donc : augmenter la croissance économique, qui est trop faible depuis 20 ans. 1% de croissance en plus règlerait en 10 ans le déficit budgétaire !

"À l’avenir, il faudra évidemment favoriser la croissance et créer de l’emploi", explique le ministre des pensions Daniel Bacquelaine. Il faudra pour cela "investir dans les transports, améliorer la mobilité et stimuler la croissance économique", définit comme priorités Philippe Donnay du Bureau du plan comme priorités.

En parallèle, il faudra retarder l'arrivée à la pension

Pour Fediplus, travailler sur l’augmentation de la croissance économique ne  supprime pas la nécessité d’un débat de fond sur la nécessité d’allongement des carrières : "Il va falloir aussi reprendre les réformes (…) Il faut pouvoir travailler plus longtemps dans de bonnes conditions pour pouvoir financer les dépenses de sécurité sociale liées à une crise qu’on peut espérer crise temporaire."

La solution du ministre Daniel Bacquelaine n’a donc pas changé : "Faire en sorte que les gens travaillent un peu plus longtemps." En aménageant aussi les fins de carrière. "Par exemple la pension à mi-temps. Un bonus aussi pour ceux qui continuent à travailler au-delà de l’âge de la pension anticipée."

Mais pour appliquer ces idées ou d’autres, il faudrait un gouvernement de plein exercice ou au moins une majorité parlementaire. En attendant, le fédéral, minoritaire, élabore son plan de relance.


 

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