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L'accord interprofessionnel conclu cette semaine est-il réellement une bonne nouvelle pour les travailleurs?

L'accord interprofessionnel conclu cette semaine est-il réellement une bonne nouvelle pour les travailleurs?
 
 

Les partenaires sociaux ont conclu un projet d'accord interprofessionnel (AIP) mercredi soir au terme d'une nouvelle réunion longue de plus de huit heures. La marge salariale est fixée à 1,1% - hors indexation et hausses barémiques - pour les deux années à venir, ont-ils annoncé. Notre économiste revient sur ces mesures et nous offre son avis sur cet accord.

Dans sa rubrique consacrée à l’économie et aux entreprises du BEL RTL Eco, notre spécialiste Bruno Wattenbergh nous donnait sur l’accord interprofessionnel conclu cette semaine …

Qu’est-ce qu’un accord interprofessionnel tel qu’il a été conclu cette semaine ?

Un accord interprofessionnel c’est un accord-cadre, une sorte de compromis national, conclu tous les 2 ans par les représentants des partenaires sociaux du secteur privé qui constitue le «Groupe des 10». Des AIP de ce type sont conclus depuis les années 60.

Que peut-on penser de cet AIP comme on dit dans le jargon ?

Que du bien. D’abord parce qu’il y a un accord ! Depuis 2011, il n’y avait pas eu d’AIP. 2011-2012 le Gouvernement avait concrétisé les mesures négociées par les partenaires sociaux. Pour l’exercice 2013-2014, c’est la marge salariale nulle, fixée d’emblée par le Gouvernement qui avait plombé la concertation sociale. Et pour la période 2015-2016, idem pour cause de nouvelle modération salariale et de saut d’index.

En quoi cet accord est-il important ?

Parce que depuis la deuxième guerre mondiale, le fonctionnement de notre marché de l’emploi est basé sur ces négociations, sur le partage des gains de productivité entre les employeurs et les travailleurs. Aussi parce que cet accord, s’il est avalisé par la base des travailleurs, va permettre non seulement une forme de paix sociale, mais aussi de régler des enjeux qui dépassent les augmentations salariales.

Lesquels ?

La répartition de la fameuse enveloppe bien être par exemple. Si tous les allocataires vont bénéficier d’augmentations, la priorité a été mise sur les chefs de famille monoparentale au chômage. Il y a aussi eu un accord sur les seuils d’âge pour la pension anticipée et sur la volonté de s’attaquer à des enjeux du monde du travail tels que par exemple le burn-out ou les conséquences de la digitalisation. L’accord interprofessionnel ne se limite donc pas augmentations de salaire.

Justement, revenons à ces augmentations salariales … en résumé ?

L’indexation pour les deux prochaines années devrait s’élever à 2,9%. Et la marge d’augmentation salariale a été fixée pour les deux prochaines années à 1,1% pour ne pas abîmer la compétitivité. Il y a donc 4% de potentiel d’augmentation de salaire.

Pourquoi « potentiel », tout le monde n’aura pas droit à ces 1,1% de marge salariale ?

Pas nécessairement. L’accord signifie seulement que le coût salarial moyen par entreprise peut augmenter de 1,1%. Certains travailleurs vont obtenir moins, d’autres plus, voire rien du tout. Dès que l’AIP sera validé par les bases syndicales, les discussions vont démarrer dans les secteurs.

Un bon accord ou un mauvais accord ?

Un accord qui a d’abord le mérite d’exister. Un accord qui préserve la compétitivité des deux prochaines années, condition sine qua non à la création d’emplois. Et enfin un accord critiqué par plusieurs fédérations professionnelles d’employeurs, et par certains syndicalistes. Donc probablement le meilleur des compromis.


 

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