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Frais scolaires: voici ce que coûte vraiment la "gratuité de l'école" (vidéo)

 
 

La Ligue des familles dénonce le poids des frais scolaires et presse Milquet à agir. Elle souhaiterait que la Belgique parvienne à une véritable gratuité de l'école, comme elle existe dans certains pays nordiques mais aussi dans quelques (rares) écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour eux, la gratuité est possible. Mais ces initiatives reposent sur la seule volonté des équipes éducatives sensibilisées à la question de la gratuité scolaire.

A moins de trois semaines de la rentrée des classes, la Ligue des familles a dénoncé mercredi le poids des frais scolaires réclamés aux parents. L'association demande à la nouvelle ministre de l'Enseignement, Joëlle Milquet, d'adopter "de vraies mesures qui amènent l'école à la gratuité, tel que c'est inscrit dans notre Constitution".
120 euros en frais scolaires... Et le reste 
Selon une nouvelle enquête de la Ligue, la scolarité d'un enfant coûte une moyenne de 120 euros par an en frais scolaires. A quoi il faut encore ajouter une centaine d'euros en moyenne pour les voyages scolaires, "avec des pointes jusqu'à 800 euros pour certains voyages de rhéto" , souligne Delphine Chabbert, directrice du service études de la Ligue des familles.      
Menée auprès de 150 parents, l'étude de la Ligue montre que nombre d'écoles continuent de réclamer aux parents des frais scolaires pourtant interdits par la loi, notamment l'achat du journal de classe ou de manuels, le paiement de photocopies ou une participation pour la constitution d'une "caisse de classe" servant à financer diverses activités.      
 
Des familles en difficultés
Un tiers environ (44 euros en moyenne) de ces frais scolaires sont réclamés dès la rentrée de septembre aux familles, ce qui placent à chaque fois les plus précaires d'entre elles dans de grandes difficultés. Certaines sont ainsi obligées de surseoir partiellement au paiement de leur loyer pour pouvoir y faire face, selon Christine Mahy, cheville ouvrière du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. "Cette non-gratuité scolaire pollue considérablement la relation triangulaire parents-enfant-école" , déplore-t-elle. "On constate ainsi que certains parents en difficultés évitent de se rendre à l'école pour éviter que le professeur ne leur rappelle une facture impayée. Et l'on voit aussi que certains enfants se font porter malade le jour où leur classe va au théâtre ou réalise une activité coûteuse que leurs parents n'ont pu payer..." .      
Sélection sociale 
Pour la Ligue des familles, les frais scolaires contribuent aussi à la sélection sociale des élèves par les écoles que le décret Inscriptions entend pourtant contrer. "Quand certaines écoles annoncent d'emblée l'organisation de voyages scolaires à 850 euros, il est évident que les parents les moins aisés ne se tourneront pas vers ces écoles pour y inscrire leur enfant..." , fait valoir Delphine Chabbert. Pour la Ligue des familles, il importe dès lors de parvenir à une véritable gratuité de l'école, comme elle existe dans certains pays nordiques mais aussi dans quelques (rares) écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles. "La gratuité est possible. Mais ces initiatives reposent sur la seule volonté des équipes éducatives sensibilisées à la question de la gratuité scolaire" , constate l'organisation.    
"Il faut se donner les moyens de parvenir à un objectif atteignable"
Consciente que "le chemin de la gratuité scolaire sera long" , la Ligue avance une série d'étapes intermédiaires. Elle réclame ainsi à la Fédération Wallonie-Bruxelles une meilleure information des parents concernant les frais scolaires autorisés et ceux qui ne le sont pas, mais aussi des sanctions effectives pour les écoles -une sur trois, selon la Ligue- qui ne respectent pas la loi. "Il faut aussi revoir le décret Missions qui prévoit aujourd'hui des frais scolaires autorisés, des frais interdits et des frais facultatifs. Tout cela est flou et donne lieu à des interprétations. Nous voulons une vraie clarification, avec une liste de frais autorisés et ceux qui sont interdits" , martèle Delphine Chabbert.      
Plafonnement des frais aux parents, refinancement des subsides 
La Ligue demande dans la foulée l'informatisation des paiements pour éviter que les enfants n'aient à transporter eux-mêmes l'argent réclamé (et éviter ainsi les risques de perte, vol ou de racket), ainsi que l'instauration, comme cela se pratique déjà en Flandre, d'un plafonnement des frais scolaires, pour les fournitures ainsi que pour les voyages. Enfin, pour compenser cette baisse de recettes pour les écoles, la Ligue des familles réclame un refinancement des subsides de fonctionnement accordées aux écoles, mais sans avancer toutefois le montant qui serait nécessaire. "La gratuité de l'école nous semble un objectif atteignable. Nous demandons aux autorités de se donner les moyens d'y parvenir" , conclut la Ligue.        


 

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